Etude de la première Catilinaire à la lecture du guide pédagogique

 proposition d'Alain Gascon, professeur au lycée Madeleine Michelis à Amiens

 

Dans le cadre de l’éloge et du blâme, de l’étude du discours argumentatif, étude du discours polémique dans les trois premiers paragraphes de la première Catilinaire de Cicéron.

 

Il est évident qu’un texte ne peut en aucun cas être exploité en classe de façon aussi mécanique. Il appartient aux enseignants de considérer ce travail comme une illustration imparfaite du guide. Il existe certainement d’autres chemins qui restent à parcourir et qui promettent de plus grands plaisirs.

 

 

I. Lire, comprendre, traduire

 

 

1. Les différentes lectures du texte

 

La lecture orale préalable du professeur et le jeu de la voix et des inflexions

Lectures et relectures 

1] I. Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra? quam diu etiam furor iste tuus nos eludet ? quem ad finem sese effrenata iactabit audacia ? Nihilne te nocturnum praesidium Palati, nihil urbis vigiliae, nihil timor populi, nihil concursus bonorum omnium, nihil hic munitissimus habendi senatus locus, nihil horum ora voltusque moverunt ? Patere tua consilia non sentis, constrictam iam horum omnium scientia teneri coniurationem tuam non vides ? Quid proxima, quid superiore nocte egeris, ubi fueris, quos convocaveris, quid consilii ceperis, quem nostrum ignorare arbitraris ? [2] O tempora, o mores! Senatus haec intellegit. Consul videt ; hic tamen vivit.

 

1ère démarche : Livre fermé, faire entendre le texte et le réentendre

Faire noter les mots entendus à chaque fois, reconnus, répétés

Au tableau, distinguer noms et verbes

La lecture collective

 

2ème démarche : Livre ouvert, repérer la structure des phrases

Au tableau, distinguer noms et verbes

On peut s’appuyer sur les propositions du manuel Bordas

 

Ou partir de la définition de « catilinaire » pour interroger le texte. On pourra exploiter le dictionnaire international des termes littéraires à l'adresse suivante :

http://www.ditl.info/arttest/art17892.php#etude

Du nom de Lucius Sergius Catilina, propréteur romain et chef de conspirations, contre lequel Cicéron prononça quatre discours en 63 av. J.-C. En latin tardif, adjectif catilinarius. Attesté en français comme substantif, nom commun, en 1752, dans le Supplément du Dictionnaire de Trévoux, au sens d’ « oraison contre Catilina ». En anglais, catalinarian, au sens de « à la façon de Catilina » (pour un complot).

ETUDE SEMANTIQUE / Définitions

1.Titre des quatre harangues que Cicéron prononça contre le conspirateur Catilina en 63 av. J. –C.

2.(Sens dérivé, figuré). Discours violent, véhément contre une personne ou un groupe.

Le terme catilinaire, en français, a été employé d’abord, ponctuellement, en 1564, comme adjectif par Théodore de Bèze dans sa Vie de Calvin, mais pour qualifier une conspiration, à la manière de Catilina : « une conspiration catilinaire ».

Ce n’est qu’en 1752, dans le Supplément du Dictionnaire de Trévoux que le terme, utilisé comme substantif, en vint à désigner les « oraisons contre Catilina » de Cicéron.

Au XIXe siècle, apparaît le sens dérivé de « discours violent, hostile, contre une personne ou un groupe ». Ainsi, dans L’éducation sentimentale, en 1869, Flaubert écrit, non sans humour, eu égard à la cible de la catilinaire en question : « Ensuite il fut question des embellissements de la capitale ; des quartiers nouveaux, et le bonhomme Oudry vint à citer, parmi les grands spéculateurs, M. Dambreuse. / Frédéric, saisissant l’occasion de se faire valoir, dit qu’il le connaissait. Mais Pellerin se lança dans une catilinaire contre les épiciers ; vendeurs de chandelles ou d’argent, il n’y voyait pas de différence… » (I, 5, Pléiade, t. II, p. 114).

 

 

La lecture silencieuse individuelle

 

on réservera cette démarche à la fin du texte par exemple

 

Les lectures prises en charge ou interprétées par des élèves

 

3ème  démarche : les élèves lisent chacun une phrase en y mettant de la voix. Ils apprendront chacun celle qu'ils ont lue ; on peut regrouper les trois premières et les quatre dernières.

 

.

 

2. Pour accompagner la compréhension

Sélection et présentation des textes

 

a. Sélection

on peut faire étudier des passages longs, en traduction, et faire jouer toutes les inférences entre ceux-ci et le texte latin ou grec.

 

Jusques à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina ? Combien de temps encore serons-nous ainsi le jouet de ta fureur ? Où s'arrêteront les emportements de cette audace effrénée ? Ni la garde qui veille la nuit sur le mont Palatin , ni les postes répandus dans la ville , ni l'effroi du peuple, ni le concours de tous les bons citoyens, ni le choix, pour la réunion du sénat, de ce lieu le plus sûr de tous , ni les regards ni le visage de ceux qui t'entourent , rien ne te déconcerte ? Tu ne sens pas que tes projets sont dévoilés ? Tu ne vois pas que ta conjuration reste impuissante, dès que nous en avons tous le secret ? Penses-tu qu'un seul de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et la nuit précédente, où tu es allé, quels hommes tu as réunis, quelles résolutions tu as prises ?

0 temps ! ô moeurs ! Le sénat connaît tous ces complots, le consul les voit ; et Catilina vit encore. Il vit? que dis-je ? il vient au sénat ; il prend part aux conseils de la république ; son oeil choisit et désigne tous ceux d'entre nous qu'il veut immoler. Et nous, hommes pleins de courage, nous croyons assez faire pour la république, si nous échappons à sa fureur et à ses poignards. Il y a longtemps, Catilina, que le consul aurait dû t'envoyer à la mort, et faire tomber sur ta tête le coup fatal dont tu menaces les nôtres.

Eh quoi ! un citoyen illustre, le grand pontife P. Scipion, frappa de mort, sans être magistrat , T. Gracchus pour une légère atteinte aux institutions de la république ; et nous, consuls, nous laisserons vivre Catilina, qui aspire à désoler l'univers par le meurtre et par l'incendie ? Je ne rappelle pas l'exemple trop ancien de C. Servilius Ahala, tuant de sa propre main Sp. Mélius, qui cherchait à faire une révolution. C'est qu'il y avait autrefois dans cette république, oui, il y avait des hommes assez courageux pour infliger des châtiments plus sévères à un citoyen pernicieux qu'à l'ennemi le plus acharné. Nous sommes armés contre toi, Catilina, d'un sénatusconsulte  d'une rigueur terrible ; ni la sagesse ni l'autorité de cet ordre ne manquent à la république ; c'est nous, je le dis ouvertement, c'est nous consuls qui lui manquons.

 

traduction de J. Thibault, collection «Les Auteurs latins expliqués par une méthode nouvelle par deux traductions françaises, l'une littérale et juxtalinéaire, l'autre correcte et précédée du texte latin», Hachette (1863).

http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/catilina/ciceron/index.html

 

on pourra s’attacher à faire dégager le plan du texte

Plan du texte

  1. L’invective : …arbitraris emploi de la 2ème personne, adresse à Catilina , les formes interrogatives
  2. Suite du découpage :….vitamus rupture de ton , emploi de la 3ème personne : Catilina et de la 1ère du pluriel  senatus, fortes viri (senator, patres)
  3. Suite du découpage : …machinaris 2ème personne
  4. Suite du découpage :….desemus 1ère du pluriel

 

On pourra faire remarquer la présence de l’orateur : dico aperte

et l'alternance qui oppose le tu et le nous.

 

 

b. Présentation

 

texte latin ou grec décomposé en unités de sens simplifiées,

  

On peut s’appuyer sur les propositions du manuel Magnard 2nde

 

 

 

 

textes bilingues avec présentation juxtalinéaire ou para linéaire,

 

 

 

 

 

 

                http://juxta.free.fr/article.php3?id_article=64

 

- texte "appareillé" avec groupes fonctionnels marqués par des barres, par des blancs, par des polices différentes,

 

 [3] An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit , Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem nos consules perferemus? Nam illa nimis antiqua praetereo, (quod C. Servilius Ahala Sp. Maelium novis rebus studentem manu sua occidit.) Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut viri fortes acrioribus suppliciis civem perniciosum quam acerbissimum hostem coercerent. Habemus senatus consultum in te, Catilina, vehemens et grave, non deest rei publicae consilium neque auctoritas huius ordinis; nos, nos, dico aperte, consules desumus.

 

-  texte dit "noirci par endroits" ou texte en alternance latin/français,

 

[3] An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit ,

Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem nos consules perferemus?

 

Nam illa nimis antiqua praetereo, (quod C. Servilius Ahala Sp. Maelium novis rebus studentem manu sua occidit.)

 

 Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut viri fortes acrioribus suppliciis civem perniciosum quam acerbissimum hostem coercerent. Habemus senatus consultum in te, Catilina, vehemens et grave, non deest rei publicae consilium neque auctoritas huius ordinis; nos, nos, dico aperte, consules desumus.

 

Si un citoyen illustre, le grand pontife P. Scipion, frappa de mort, sans être magistrat ,T. Gracchus pour une légère atteinte aux institutions de la république

 

………………………….. …………

.........................................................

 .........................................................

 

 

 

Je ne rappelle pas l'exemple trop ancien de C. Servilius Ahala, tuant de sa propre main Sp. Mélius, qui cherchait à faire une révolution.

 

 

………………………….. …………

.........................................................

 .........................................................

………………………….. …………

.........................................................

 .........................................................

………………………….. …………

.........................................................

 .........................................................

 

 

 [2] O tempora, o mores ! Senatus haec intellegit. Consul videt; hic tamen vivit. Vivit? immo vero etiam in senatum venit, fit publici consilii particeps, notat et designat oculis ad caedem unum quemque nostrum. Nos autem fortes viri satis facere rei publicae videmur, si istius furorem ac tela vitemus. Ad mortem te, Catilina, duci iussu consulis iam pridem oportebat, in te conferri pestem, quam tu in nos [omnes iam diu] machinaris.

[3] An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit , Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem nos consules perferemus?

Nam illa nimis antiqua praetereo, (quod C. Servilius Ahala Sp. Maelium novis rebus studentem manu sua occidit.)

 Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut viri fortes acrioribus suppliciis civem perniciosum quam acerbissimum hostem coercerent. Habemus senatus consultum in te, Catilina, vehemens et grave, non deest rei publicae consilium neque auctoritas huius ordinis; nos, nos, dico aperte, consules desumus.

 

 

- textes à décrochements typographiques qui alignent les syntagmes de même fonction,

 

On peut s’appuyer sur les propositions du manuel Magnard 2nde

 

Insister par exemple dans un premier temps sur les apostrophes  à l’encontre de Catilina

Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra?

quam diu etiam furor iste tuus nos eludet?

quem ad finem sese effrenata iactabit audacia?

Nihilne te nocturnum praesidium Palati, nihil urbis vigiliae, nihil timor populi, nihil concursus bonorum omnium, nihil hic munitissimus habendi senatus locus, nihil horum ora voltusque moverunt? Patere tua consilia non sentis, constrictam iam horum omnium scientia teneri coniurationem tuam non vides?

Quid proxima, quid superiore nocte egeris, ubi fueris, quos convocaveris, quid consilii ceperis, quem nostrum ignorare arbitraris?

O tempora, o mores! Senatus haec intellegit. Consul videt; hic tamen vivit. Vivit? immo vero etiam in senatum venit, fit publici consilii particeps, notat et designat oculis ad caedem unum quemque nostrum. Nos autem fortes viri satis facere rei publicae videmur, si istius furorem ac tela vitemus.

Ad mortem te, Catilina, duci iussu consulis iam pridem oportebat, in te conferri pestem, quam tu in nos [omnes iam diu] machinaris.

 An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit; Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem nos consules perferemus? Nam illa nimis antiqua praetereo, quod C. Servilius Ahala Sp. Maelium novis rebus studentem manu sua occidit. Fuit, fuit ista quondam in hac republica virtus, ut viri fortes acrioribus suppliciis civem perniciosum quam acerbissimum hostem coercerent.

Habemus senatus consultum in te, Catilina, vehemens et grave, non deest rei publicae consilium neque auctoritas huius ordinis; nos, nos, dico aperte, consules desumus.

Pour mieux travailler ensuite sur l’attitude des gens de la Curie, sur l’emploi de la première personne du pluriel et la façon dont Catilina est évoqué.

O tempora, o mores! Senatus haec intellegit. Consul videt; hic tamen vivit. Vivit? immo vero etiam in senatum venit, fit publici consilii particeps, notat et designat oculis ad caedem unum quemque nostrum. Nos autem fortes viri satis facere rei publicae videmur, si istius furorem ac tela vitemus.

An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit; Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem nos consules perferemus ? Nam illa nimis antiqua praetereo, quod C. Servilius Ahala Sp. Maelium novis rebus studentem manu sua occidit. Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut viri fortes acrioribus suppliciis civem perniciosum quam acerbissimum hostem coercerent

 

-          texte surlignant en caractère gras le noyau des phrases.

 

Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra? quam diu etiam furor iste tuus nos eludet? quem ad finem sese effrenata iactabit audacia? Nihilne te nocturnum praesidium Palati, nihil urbis vigiliae, nihil timor populi, nihil concursus bonorum omnium, nihil hic munitissimus habendi senatus locus, nihil horum ora voltusque moverunt? Patere tua consilia non sentis, constrictam iam horum omnium scientia teneri coniurationem tuam non vides? Quid proxima, quid superiore nocte egeris, ubi fueris, quos convocaveris, quid consilii ceperis, quem nostrum ignorare arbitraris? [2] O tempora, o mores! Senatus haec intellegit. Consul videt; hic tamen vivit. Vivit? immo vero etiam in senatum venit, fit publici consilii particeps, notat et designat oculis ad caedem unum quemque nostrum. Nos autem fortes viri satis facere rei publicae videmur, si istius furorem ac tela vitemus. Ad mortem te, Catilina, duci iussu consulis iam pridem oportebat, in te conferri pestem, quam tu in nos [omnes iam diu] machinaris.

[3] An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit, Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem nos consules perferemus? Nam illa nimis antiqua praetereo, quod C. Servilius Ahala Sp. Maelium novis rebus studentem manu sua occidit. Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut viri fortes acrioribus suppliciis civem perniciosum quam acerbissimum hostem coercerent. Habemus senatus consultum in te, Catilina, vehemens et grave, non deest rei publicae consilium neque auctoritas huius ordinis; nos, nos, dico aperte, consules desumus.

 

Pour les deux phrases les plus longues, on peut procéder comme ceci :

 

An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit, Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem nos consules perferemus? Nam illa nimis antiqua praetereo, quod C. Servilius Ahala Sp. Maelium novis rebus studentem manu sua occidit. Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut viri fortes acrioribus suppliciis civem perniciosum quam acerbissimum hostem coercerent.

 

 

 Pour accompagner la compréhension

Guider la compréhension

Parmi les approches envisageables, on peut :

 

-          alterner questions globales et questions de détail sur le texte,

 

Par exemple  dans le manuel Bordas 2nde

 

 

 

Manuel Magnard 2nde

 

Le registre polémique

1. Étudiez le système d'énonciation. À qui les propos de Cicéron s'adressent-ils: a) en apparence; b) en réalité?

2. Relevez les procédés d'insistance. Sur quelles certitudes Cicéron se fonde-t-il pour accuser Catilina oe p. 66 ?

Que vaut la comparaison avec l'épisode historique de Tibérius Gracchus oe p. 40 ? Cicéron cherche-t-il à

convaincre ou à persuader?

 

-          varier la langue dans laquelle est posée la question : questionner en latin ou en grec avec une réponse attendue soit en français, soit dans la langue ancienne (au moyen de questions simples), avec le support du texte.

 

Quid Catilinam movit ?

Num quis ignorat ubi Catilina fuerit ?

Quis vivit ?

Quid oportebat consulem  agree ?

Quid in senatum Catilina machinatur ?

Quem P.Scipio interfecit ?

Quis P.Scipio est ?

Quod Catilina cupit ?

Quis a C. Servilio interfectus est ?

Qualis virtus fuit quondam ?

 

Deux principaux modes d’approche préliminaire du texte

.Il est possible de décliner, sans qu’ils s’excluent l’un l’autre, les mérites respectifs de deux grands types de lecture.

 

La lecture bilingue synthétique (cf. supra 2.a)

 

La lecture linéaire analytique

-          Clarifier la notion de groupes de mots : s’appuyer sur le français tout en rendant compte de la spécificité du latin

 

On pourra exploiter le découpage proposé par l’édition proposée avec la traduction juxtalinéaire sur le site http://juxta.free.fr/article.php3?id_article=64  (cf. ci-dessus)

 

-    Au départ et par la suite marquer oralement avec des pauses importantes, exagérées même, les groupes fonctionnels.

 

-    Régulièrement à l’écrit, proposer une segmentation avec des blancs ou des crochets qui correspondent aux pauses de la voix à l'oral.

 

-          A l’oral et à l’écrit, demander de justifier certains groupes proposés.

 

Nihilne

 

nihil

nihil

nihil

nihil

nihil

te

 

 

 

 

 

 

nocturnum praesidium Palati

urbis vigiliae

timor populi

concursus bonorum omnium

hic munitissimus habendi senatus locus

horum ora voltusque

 

 

 

 

 

moverunt ?

 

Cela permettra d’interroger les élèves sur la structure de la phrase comme sur la composition du groupe sujet.

 

Autre exemple : la proposition infinitive

 

a)(le tableau est à compléter)

 

 tua consilia patere 

non sentis

 

non vides

 

b) Sur le même modèle

 

Quem nostrum ignorare

arbitraris

                  é

Quid proxima,

Quid superiore nocte egeris

Ubi fueris

Quos convocaveris

Quid consilii ceperis

 

c) Sur le même modèle encore à compléter

 

 

oportebat

 

 

 

-          En préparation, demander de relever les groupes de mots d’un court passage sans traduire. Aux élèves de justifier ensuite les groupes de mots retenus, en s'appuyant sur les désinences.

 

On peut le proposer pour cet extrait

 

 

An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit; Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem nos consules perferemus?

 

 

-  Après traduction en classe, demander aux élèves par oral ou par écrit de reproduire à leur tour la segmentation de quelques phrases (un bon test d’évaluation) en recourant, selon la progression séquentielle et l'équipement de la classe, au tableau, à l'écran d'ordinateur, etc., en usant, chaque fois que nécessaire, d'une présentation par décrochement).

 

On pourra ainsi se référer au manuel Magnard 2nde

 

 

-          Inversement, faire suivre la décomposition par la recomposition, pour habituer les élèves à ne pas mettre la phrase en lambeaux, à lire et à traduire, autant que possible, le latin dans l’ordre où il se présente : clé d’une véritable lecture cursive. Il suffit parfois de quelques ajustements pour que la traduction française accepte l’ordre du latin. Lors d'une traduction plus élaborée, naturellement, le français pourra retrouver ses subtilités, son ordre le plus expressif.

 

Fuit, fuit quondam in hac re publica virtus,

Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut

Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut viri. suppliciis civem coercerent

Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut viri fortes suppliciis civem perniciosum coercerent.

Fuit, fuit ista quondam in hac re publica virtus, ut viri fortes acrioribus suppliciis civem perniciosum quam acerbissimum hostem coercerent. –

 

 

  -    Pour une véritable initiation, faire pratiquer des exercices d'expansion des groupes nominaux à partir d'une phrase nominale.

 

nos consules perferemus Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem

P. Scipio interfecit Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae

 

-     Reprendre, après quelque temps, un texte déjà proposé avec les groupes marqués et des schémas de phrases tout faits : les élèves reconstitueront ces groupes et ces schémas en les justifiant.

 

-      De mémoire, à l'oral, reconstituer un texte traduit avec mise en évidence des groupes.

 

-      Proposer des lectures à deux voix où un élève donne les groupes de mots en français, l’autre en latin, ou inversement.

 

3. Traduire

 

La traduction n'est pas l'épuisement du texte

Le laboratoire des ateliers de traduction

Dès le collège, on peut ouvrir de petits ateliers de traduction où l'on travaillera sur des textes très courts :

- traduction collective, ou par groupes, ou individuelles

- traductions intégrales ou partielles comme pour l'épreuve du baccalauréat.

 

reprendre et vérifier l’acquisition des textes traduits. Le retour fréquent vers des textes déjà traduits est recommandé : il ravive le vocabulaire, la reconnaissance des groupes de mots, l’apport culturel du texte.

L'objectif prioritaire est d'obtenir :

- une traduction personnelle qui constitue un véritable travail d'écriture,

- des travaux de comparaison de traductions (traductions littéraires et universitaires) avec mise au net des partis pris de chaque traduction et rédaction (évaluée) de brefs articles critiques exposant les choix des traducteurs.

 

II. Progression des apprentissages pour lire et ou traduire

 

1. Travailler la différence : la spécificité irréductible du latin

 

Exemple : l'emploi du participe maladroit en français

 

An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit; Catilinam orbem terrae caede atque incendiis vastare cupientem nos consules perferemus?

 

 

2. Observer, identifier : pour une saisie synoptique des flexions verbales et nominales

les formes verbales : l’indicatif futur

 

abutere

eludet

jactabit

perferemus

 

A distinguer de l’infinitif présent

 

patere

teneri

ignorare

satisfacere

duci

conferri

vastare

 

A distinguer de l'indicatif présent

 

Sentis

Vides

Arbitraris

Intellegit

Videt

Vivit

Venit

Fit

Notat

Designat

Videmur

Machinaris

habemus

Deest

Desumus

 

 

3. Comment mémoriser, comprendre, retenir

Morphologie

des tableaux simplificateurs, tant pour les déclinaisons que pour les conjugaisons.

 

On peut rappeler les désinences des personnes

 

Dans le système interne à la langue

On sollicitera la mémorisation :

-          par radicaux, avec les dérivés et les composés

 

 

Ainsi dans le manuel Bordas 2nde

 

On pourra faire relever et apprendre les termes politiques dans le texte

 

Boni, populus, senatus, consul, senatus, res publica, pontifex maximus, , pri

vatus, civis senatusconsultum

 

-          par couples d’antonymes. privatus vs publicus

 

An vero vir amplissumus, P. Scipio, pontifex maximus, Ti. Gracchum mediocriter labefactantem statum rei publicae privatus interfecit

 

 

-          en comparant des notions voisines pour préciser les nuances qui les distinguent.   

 

A partir des  caractéristiques de Catilina,

 

Furor

Audacia

Conjurationem

Istius furorem ac tela

Catilinam cupientem vastare orbem terrae caede atque incendiis

 

on pourra s’intéresser au sens du mot furor

dérivé de furo, is ere : être pris d’agitation violente, être hors de soi, être fou furieux

D’après Florence Dupont, le furor est « l’état de tout homme qui ne se conduit plus de façon humaine. »

A faire retenir : "Ira furor brevis est Horace",Epître 2,  Livre 1

Furiae, arum, f : les Furies, les Euménides

 

Dans le rapport de la langue ancienne au français et aux autres langues

- Comparer les mots latins aux mots français de même racine.

- Inclure systématiquement les rapprochements avec les langues vivantes étudiées par ailleurs, autant que possible en construisant une cohérence des acquis lexicaux

- Faire repérer et mémoriser, de la langue ancienne vers le français et les langues vivantes, les préfixes et les suffixes les plus courants, ce qui permet de faire découvrir le sens des mots nouveaux accessibles.