Rencontre intercycles en langues anciennes du vendredi 27 janvier 2006 à Compiègne.

la présentation de Christine Batut- Hourquebie,

professeur de lettres classiques au collège de Saint-Leu d'Esserent (60)

 

Présentation de la séquence : Néron et le théâtre

 

Cette séquence est née d'un cuisant échec pédagogique, lorsque, pour la 1ère fois, j'ai travaillé avec le nouveau manuel commandé pour mes classes de troisième. Se sont succédées les séances sur Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, Titus, Trajan et Hadrien. La fin du premier trimestre fut longue à venir… Les manuels de collège ne problématisent que rarement leurs séances. C'est donc à nous enseignants de remanier ces séances en séquence pour donner un sens à l'enseignement des langues anciennes. Il faut espérer qu'en travaillant ainsi en cohérence avec l'enseignement dispensé au lycée nous convaincrons plus d'élèves de ne pas abandonner les langues anciennes à la fin de la classe de troisième.

 

Pour cette partie du programme, j'ai  préféré à une approche exclusivement chronologique de l'Empire, une réflexion plus approfondie sur le premier et le dernier des Julio-Claudiens en m'intéressant tout particulièrement, pour le cas de Néron, à sa relation avec les arts et notamment avec le théâtre. Pourquoi le théâtre ? Tout d’abord parce que Néron avait une passion pour le théâtre et qu’il a ainsi favorisé le développement du goût des Romains pour les arts dramatiques. Par ailleurs la tragédie est au programme de français en troisième et j’essaie le plus souvent possible de faire coïncider les prolongements culturels de mes cours de latin avec le programme de français ou d’histoire. Pour finir je regrette que la tragédie ne soit pas au programme de l’enseignement du latin au collège. Présenter quelques textes de tragédie latine permet de sensibiliser les élèves au théâtre antique et d’établir un lien avec le programme de seconde car au cours de l’une des entrées « De quoi rit-on à Rome ? », les professeurs peuvent être amenés à présenter des extraits de comédies latines.

 

Bibliographie : cette séquence a été élaborée suite à la lecture de deux ouvrages universitaires : une biographie de Néron par un Roumain, Eugen Cizek, et une étude de Florence Dupond, Les Monstres de Sénèque.

 

·        1ère partie de la séquence : Néron, dernier empereur Julio-Claudien

 

1ère séance : Le rôle d’Agrippine dans l’accès de Néron au pouvoir

 

Pour comprendre pourquoi Néron organise ce matricide, il me semble bon de présenter le rôle d’Agrippine dans l’accès de Néron au pouvoir pour cela, je présente dans un premier temps l’arbre généalogique des Julio-Claudien que vous pouvez télécharger à partir du lien suivant : http://www.empereurs-romains.net/emp06gen.htm Les élèves se rendent compte d’une part de l’aspect non conventionnel de cette généalogie et ils visualisent clairement les liens qui unissent Agrippine aux autres membres de la famille, notamment aux empereurs Caligula et Claude.

 

Je passe ensuite à la lecture d’un extrait du Britannicus de Racine, où Agrippine, qui sent son fils lui échapper, lui rappelle ce qu’il lui doit dans son accès au trône. Au-delà des connaissances historiques, ce texte permet dès la première séance d’aborder le théâtre qui sera le fil conducteur de cette séquence.

 

 

BRITANNICUS  de Jean Racine Acte IV, Scène II


AGRIPPINE,


Approchez-vous, Néron, et prenez votre place.
On veut sur vos soupçons que je vous satisfasse.
J’ignore de quel crime on a pu me noircir:
De tous ceux que j’ai faits je vais vous éclaircir.
Vous régnez. Vous savez combien votre naissance
Entre l’Empire et vous avait mis de distance.
Les droits de mes aïeux, que Rome a consacrés,
Etaient même, sans moi, d’inutiles degrés.
Quand de Britannicus la mère condamnée
Laissa de Claudius disputer l’hyménée,
Parmi tant de beautés qui briguèrent son choix,
Qui de ses affranchis mendièrent les voix,
Je souhaitai son lit, dans la seule pensée
De vous laisser au trône où je serais placée.
Je fléchis mon orgueil, j’allai prier Pallas.
Son maître, chaque jour caressé dans mes bras,
Prit insensiblement dans les yeux de sa nièce
L’amour où je voulais amener sa tendresse.
Mais ce lien du sang qui nous joignait tous deux
Ecartait Claudius d’un lit incestueux.
Il n’osait épouser la fille de son frère.
Le sénat fut séduit: une loi moins sévère
Mit Claude dans mon lit, et Rome à mes genoux.
C’était beaucoup pour moi, ce n’était rien pour vous.
Je vous fis sur mes pas entrer dans sa famille :
Je vous nommai son gendre, et vous donnai sa fille.
Silanus, qui l’aimait, s’en vit abandonné,
Et marqua de son sang ce jour infortuné.
Ce n’était rien encore. Eussiez-vous pu prétendre
Q’un jour Claude à son fils dût préférer son gendre?
De ce même Pallas j’implorai le secours:
Claude vous adopta, vaincu par ses discours,
Vous appela Néron, et du pouvoir suprême
Voulut, avant le temps, vous faire part lui-même.
C’est alors que chacun, rappelant le passé,
Découvrit mon dessein, déjà trop avancé;
Que de Britannicus la disgrâce future
Des amis de son père excita le murmure.
Mes promesses aux uns éblouirent les yeux;
L’exil me délivra des plus séditieux ;

Claude même, lassé de ma plainte éternelle,

Eloigna de son fils tous ceux de qui le zèle,


Engagé dès longtemps à suivre son destin,
Pouvait du trône encor lui rouvrir le chemin.
Je fis plus : je choisis moi-même dans ma suite
Ceux à qui je voulais qu’on livrât sa conduite;
J’eus soin de vous nommer, par un contraire choix,
Des gouverneurs que Rome honorait de sa voix.
Je fus sourde à la brigue, et crus la renommée.
J’appelai de l’exil, je tirai de l’armée,
Et ce même Sénèque, et ce même Burrhus,
Qui depuis... Rome alors estimait leurs vertus.
De Claude en même temps épuisant les richesses,
Ma main, sous votre nom, répandait ses largesses.
Les spectacles, les dons, invincibles appâts,
Vous attiraient les coeurs du peuple et des soldats,
Qui d’ailleurs, réveillant leur tendresse première,
Favorisaient en vous Germanicus mon père.
Cependant Claudius penchait vers son déclin.
Ses yeux, longtemps fermés, s’ouvrirent à la fin:
Il connut son erreur. Occupé de sa crainte,
Il laissa pour son fils échapper quelque plainte,
Et voulut, mais trop tard, assembler ses amis.
Ses gardes, son palais, son lit m’étaient soumis.
Je lui laissai sans fruit consumer sa tendresse;
De ses derniers soupirs je me rendis maîtresse.
Mes soins, en apparence épargnant ses douleurs,
De son fils, en mourant, lui cachèrent les pleurs.
Il mourut. Mille bruits en courent à ma honte.
J’arrêtai de sa mort la nouvelle trop prompte;
Et tandis que Burrhus allait secrètement
De l’armée en vos mains exiger le serment,
Que vous marchiez au camp, conduit sous mes auspices,
Dans Rome les autels fumaient de sacrifices;
Par mes ordres trompeurs tout le peuple excité
Du prince déjà mort demandait la santé.
Enfin des légions l’entière obéissance
Ayant de votre empire affermi la puissance,
On vit Claude; et le peuple, étonné de son sort,
Apprit en même temps votre règne et sa mort.
C’est le sincère aveu que je voulais vous faire:
Voilà tous mes forfaits. En voici le salaire.
Du fruit de tant de soins à peine jouissant
En avez-vous six mois paru reconnaissant,
Que lassé d’un respect qui vous gênait peut-être,
Vous avez affecté de ne me plus connaître.

 

                                           

 

                                            

 

Séance 2  : La mort d’Agrippine, Acte I

 

Civilisation : l’Empire et le goût du pouvoir personnel

Objectif linguistique : découvrir le gérondif

Supports : Alcibiade Didascaux chez les Romains de Clanet et Clapat et Tacite, Annales, XV

 

Plusieurs manuels présentent la mort de Britannicus qui est un moment fort dans le règne de Néron. Mais la mort d’Agrippine est particulièrement intéressante parce qu’elle représente un tournant dans la politique de Néron qui s’émancipe non seulement de sa mère de la façon la plus radicale qui soit, mais aussi de son précepteur Sénèque et donc de la philosophie de clémence vers laquelle le stoïcien a toujours souhaité le conduire. Il n’est bien évidemment pas question de faire de la philosophie avec nos élèves de troisième mais on peut parler de cette clementia pour la comparer par exemple aux vertus d’Auguste.

 

Pour rester dans l’esprit du théâtre, j’ai intitulé cette première partie : la mort d’Agrippine, tragédie en deux actes. La question qui se pose est : comment aborder ce texte long et difficile de Tacite ? La bande dessinée parodique (extraite du manuel Hatier 3ème) a le mérite non de la finesse ou du bon goût mais de la clarté et évite les contresens les plus lourds dans la traduction ; les élèves accèdent à la compréhension de la trame narrative du texte auquel ils vont être confrontés. Dernier avantage, la parodie permet d’établir les circonstances de la tentative d’assassinat et de deviner le sens de quelques mots dans le premier paragraphe. Suite à la lecture de cette page, différents élèves se distribuent les rôles et peuvent réaliser une petite saynète. On passera ensuite au texte.

 

Néron, devenu empereur à l’âge de 17 ans, veut gouverner seul. Il inaugure son règne en éliminant tous ceux qui pourraient l’en empêcher. Dès 55, il fait assassiner Britannicus, le fils de Claude ; puis en 59, c’est le tour de sa propre mère, Agrippine..

 

 

 

Pour présenter les textes suivants, je me suis inspirée des propositions faites par le Guide pédagogique. La première grande partie du Guide s’intitule « Lire, Comprendre, Traduire », la deuxième sous partie « Pour accompagner la compréhension » ; là se trouvent de nombreuses pistes de présentation des textes.

 

Le texte est appareillé en groupes fonctionnels marqués par différentes polices de caractères. Aux élèves d’identifier les groupes de mots, de justifier les regroupements en s’appuyant sur les désinences, à eux aussi de traduire les quelques passages manquants.  Ce travail préparatoire permet de gagner du temps dans le repérage de la structure syntaxique de la phrase tout en contraignant les élèves à s’interroger sur les cas et l’ordre dans lequel traduire les mots.

 

 

Noctem sideribus inlustrem et placido mari quietam quasi ad convincendum scelus dei  praebuerunt. Nec multum erat progressa navis cum, dato signo, ruerunt tectum loci, multo plumbo grave. Nec dissolutio navigii sequebatur, turbatis omnibus et quod plerique ignari etiam conscios impediebant. Agrippina -unum tamen vulnus humero excepit - nando,  deinde occursu lenunculorum Lucrinum in lacum vecta, villae suae infertur.

 

 

At Neroni, nuntios patrati facinoris opperienti, adfertur evasisse ictu levi sauciam. Tum, pavore exanimis et jam jamque adfore obtestans  vindictae properam, sive servitia armaret vel militem accenderet, sive ad senatum et populum pervaderet, naufragium et vulnus et interrectos amicos objiciendo.

 

Tacite, Annales, Livre XIV, 5,7

……………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………….

    …………………………………………………………..…………………………………………………

comme pour mettre le crime en évidence. Le navire n'avait pas beaucoup progressé quand, …………………………………………..………, voilà que s'écroule le plafond de la pièce, ………………………………...………………… Et le vaisseau tardait à se disloquer parce que, dans le désordre général, ceux qui n'étaient pas du complot embarrassaient les autres. Agrippine - ……………………………………. ………………………………………………...... …………………………………

- en nageant, puis en rencontrant des barques de pêcheurs, gagne le lac Lucrin, d'où elle se fait porter à sa villa.

 

 

 

 

……..……………………………………………………………………………………………….……

………….…………………………………………………….…………………………………………

…………………………………………………..…… Alors, à demi-mort de peur, il s'écrie qu'elle va bientôt arriver, prompte à la vengeance, soit qu'elle armât ses esclaves ou soulevât les soldats , soit qu'elle se tournât vers le sénat et le peuple, en dénonçant  le naufrage, sa blessure et le meurtre de ses amis.

 

Séance 3 : La mort d’Agrippine Acte II

 

Objectif :Traduire la suite du  texte de Tacite en réinvestissant les connaissances acquises sur le gérondif

 

Dans le même esprit, travail sur un texte sans annotation que les élèves devront à leur tour « appareiller » : ils doivent le recopier en adoptant différentes couleurs pour les différents groupes fonctionnels et répondre aux questions suivantes :

 

1.                 Où cette scène se déroule-t-elle ?

2.                 Recherchez les noms des protagonistes.

3.                 Puisqu’il s’agit d’une scène de meurtre, établissez un champ lexical de l’agression.

4.                 Quelles réflexions vous inspire les derniers mots prononcés par Agrippine.

 

 

 

Cubiculo modicum lumen inerat et ancillarum una, magis ac magis anxia Agrippina, [… ] abeunte dehinc ancilla, « tu quoque me deseris ? » prolocuta respicit Anicetum ; ac si ad uisendum uenisset, refotam nuntiaret, sin facinus patraturus, nihil se de filio credere ; non imperatum parricidium. Circumsistunt lectum percussores et prior trierarchus fusti caput eius adflixit. Jam {in} mortem centurioni ferrum destringenti protendens uterum "Ventrem feri" exclamauit multisque uulneribus confecta est.

 

 

 

 

Elle lui dit que, s'il était envoyé                                    , il pouvait annoncer qu'elle était remise ; que, s'il venait pour un crime, elle en croyait son fils innocent ; que le prince n'avait point commandé un parricide.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tacite, Annales, livre XIV, 7, 8

 

 

 

Séance 4  non présentée : exercices systématiques sur l’emploi du gérondif

 

 

 


 

Séance 5 : Le théâtre, une passion pour l’empereur-histrion (1ère partie)

 

Objectif linguistique et lexical : les verbes déponents

Présentation retenue : « textes bilingues avec présentation juxtalinéaire ou para linéaire » pour la découverte du point de grammaire. 

Néron s'exhibe au théâtre…

 

Interea senatus,

lustrali certamine propinquo jam,

ut

dedecus averteret,

offert imperatori

victoriam cantus

adjecitque

facundiae coronam

qua

ludicra deformatas

velaretur.

Sed Nero dictitans

nihil opus esse

ambitu nec potestate

senatus,

se aequum

adversus aemulos

et assecuturum

meritam laudem

religione judicium,

primo recitat

carmen

in scaena ;

mox,

flagitante vulgo

ut publicaret

omnia studia sua,

ingreditur

theatrum,

Cependant le Sénat,

le concours lustral

(étant) déjà proche,

pour qu’il

détourne le déshonneur,

offre à l’empereur

la victoire du chant

et ajoute

la couronne de l’éloquence

pour que

la honte du jeu public

soit voilée.

Mais Néron répétant

qu’il n’avait en rien besoin

de la brigue ni de la puissance

du Sénat,

qu’il serait égal

à ses rivaux

et qu’il obtiendrait

une gloire méritée

grâce à la conscience des juges,

déclame tout d’abord

un poème

sur la scène ;

bientôt,

la foule réclamant

qu’il montre

toutes ses connaissances,

il entre

au théâtre,

optemperans

cunctis legibus

citharae,

ne resideret

fessus

ne detergeret

sudorem,

nisi ea veste

indutui,

ut nulla excrementa

oris aut narium

viserentur.

Postremo

flexus genu

et veneratus

coetum illum

manu,

opperiebatur

sententias judicium

ficto pavore.

Et plebs Urbis,

quoque solita juvare

histrionum gestes,

personanbat

plausu

composito.

Crederes

laetari ;

ac forte

laetabatur.

obéissant

à tous les règlements

de la cithare,

ne pas s’asseoir

fatigué,

ne pas essuyer

la sueur,

si ce n’est avec le vêtement

qu’il portait,

afin qu’aucun excrément

de la bouche ou du nez

ne soit vu.

Enfin

fléchissant le genou

et témoignant du respect

à cette assemblée

d’un geste de la main,

il attendait

la sentence des juges

avec une peur feinte.

Et la plèbe de la Ville,

aussi habituée à encourager

les mimiques des histrions,

criait fort

avec des applaudissements

en mesure.

On aurait cru

qu’elle se réjouissait ;

et peut-être

se réjouissait-elle.

 

 
 

2ème partie :

 

Après la distribution des verbes déponents au programme de troisième et la réalisation de petits exercices de conjugaison, de version et de thème d’imitation, la suite du texte laisse en « blanc » les passages comportant des verbes passifs ou déponents. Afin de ne pas limiter l’approche de ce texte à une simple lecture française du texte et un remplissage des « trous », j’ai fait apparaître le noyau des phrases en mettant entre crochets les subordonnées, les verbes en gras, leur sujet sont soulignés et leurs compléments essentiels sont en italiques. Phrase après phrase, les élèves doivent faire la même présentation sur la traduction française afin de repérer les tournures spécifiques de la langue latine (propositions infinitives, ablatifs absolus) et les choix opérés par le traducteur. 

 

Le commentaire pourra naître d’une réflexion sur l’immoralité des pratiques de l’Empereur, puisque les valeurs de la République romaine ont été étudiées en classe de quatrième et que les vertus augustiniennes l’ont sans doute été dans une séquence sur les débuts de l’Empire. On mettra en avant le mépris affiché par Néron pour le mos majorum et sans attrait pour la Grèce et l’Orient.

 

 

Verbes déponents

aggredior, eris, i, agressus sum : aller vers, s'approcher,

arbitror, aris, ari, atus sum : penser, juger
conor, aris, ari, atus sum : essayer
confiteor, eris, eri, fessus sum : avouer
fungor, eris, i, functus sum : s'acquiter de (abl), exécuter
hortor, aris, ari : exhorter, engager à
ingredior, eris, i, gressus sum : entrer

 

irascor, eris, i, iratus sum : se mettre en colère
laetor, aris, atus sum : se réjouir, loquor, eris, i, locutus sum : parler
nitor, eris, i, nixus sum : s'appuyer sur
obliuiscor, eris, i, oblitus sum : oublier
patior, eris, i, passus sum : supporter, souffrir
polliceor, eris, eri, pollicitus sum : promettre
precor, aris, atus sum : prier, supplier

proficiscor,  eris, i, fectus sum : partir
queror, eris, i, questus sum : se plaindre reor, reris, reri, ratus sum : croire
sequor, eris, i, secutus sum :  suivre tueor, eris, eri, tuitus sum : protéger
utor, eris, i, usus sum : utiliser
uereor, eris, eri, ueritus sum : craindre
uerso, as, are : tourner
uersor, aris, ari, atus sum : 1. vivre 2. s'occuper de

 

... au grand dam des hommes de bien.

 

Présentation : « texte faisant apparaître le noyau des phrases » pour l’application. 

 

5. Sed [qui remotis e municipiis severaque adhuc et antiqui moris retinente Italia, quique per longinquas provincias lascivia inexperti officio legationum aut privata utilitate advenerant], neque aspectum illum tolerare neque labori inhonesto sufficere {poterant}, [cum manibus nesciis fatiscerent, turbarent gnaros ac saepe a militibus  verberarentur  ], [qui per cuneos stabant ] [ne quod temporis momentum impari clamore aut silentio segni praeteriret].

Constitit plerosque equitum, [dum per angustias aditus et ingruentem multitudinem   enituntur], obtritos, et alios, [dum diem noctemque sedilibus continunnt], morbo exitiabili correptos. Quippe gravior inerat metus, [si spectaculo defuissent], multis palam et pluribus occultis, [ut nomina ac vultus, alacritatem tristitiamque coeuntium scrutarentur ].

 

Tacite, Annales XVI,4-5

5.  Mais ceux qui étaient venus de municipes éloignés et de l'Italie restée austère et attachée aux mœurs ancestrales, et ceux qui, vivant dans des provinces lointaines sans connaître la débauche, étaient venus en mission officielle ou dans leur intérêt privé, ne pouvaient soutenir ce spectacle ni suffire à cette tâche honteuse, laissant leurs mains ignorantes tomber de lassitude ; ils troublaient ceux qui savaient et …………………………..………….

……………….………., qui se tenaient debout entre les gradins veillant à ce qu'aucun moment ne s'écoulât dans de faibles acclamations ou dans un silence apathique.

 

II est avéré que beaucoup de chevaliers, alors que .....................................de trouver une issue à travers l'étroitesse des accès et la ruée de la foule, …………………………………., et que d'autres, à force de rester jour et nuit sur leurs sièges, ..……………………………………………..……..

d'une maladie mortelle. Mais on courait un plus grave danger en n'assistant pas au spectacle, car il y avait des observateurs, nombreux en public, plus encore en secret,……………………………………. ....................................................................................................

 

 

 

Séance 6 : Exercices systématiques sur les verbes déponents

Séance 7 : Evaluation sur les textes de Tacite

En guise d'évaluation, je sélectionne des passages que les élèves ont traduits et j'en vérifie l'acquisition par une retraduction, des questions grammaticales et un commentaire. Cela permet d'une part de raviver le vocabulaire, de vérifier la reconnaissance des groupes fonctionnels et d'évaluer l'apport culturel du texte.

 

·        2ème partie de la séquence : étude d’extraits des tragédies de Sénèque

 

Pour les tragédies de Sénèque, j'ai retenu quatre extraits de deux tragédies Phèdre et Médée. Ma progression suit la transformation, mise en lumière par Florence Dupont, des héros de Sénèque : dolor, furor, nefas. Les textes ne méritent pas d'appareillage car ils n'ont pas la complexité des textes de Tacite. Ils peuvent être aborder suivant différentes méthodes : approche lexicale, générique, stylistique.  Par contre, ils se prêtent à une réflexion sur la traduction. En classe de troisième, les élèves n'ont pas le recul suffisant pour analyser une traduction seule. Ils peuvent par contre comparer des traductions très typées : les tragédies de Sénèque ont été traduites par F. Dupont pour être mises en scène (aux éditions de l'imprimerie nationale), elles obéissent donc à des choix très différents de ceux d'un traducteur du XIXème siècle. Par ailleurs la traduction personnelle est ainsi simplifiée par cette étude préalable. 

 

 

Séance 8 : Une manifestation du dolor dans le théâtre de Sénèque : Phèdre

Objectif culturel : mettre en relation création littéraire et régime politique

Rebrasser les connaissances des élèves sur le théâtre et leur présenter les spécificités du théâtre de Sénèque

                       Etablir un lien avec le programme de français de 3ème

Objectif lexical : revoir et enrichir le vocabulaire du corps

Objectif linguistique : le pronom indéfini nihil et l’adjectif nullus ,a , um

 

Nutrix

360

Spes nulla tantum posse leniri malum,
finisque flammis nullus insanis erit.
torretur aestu tacito et inclusus quoque,
quamvis tegatur, proditur
vultu furor;
erumpit
oculis ignis et lassae genae

365

lucem recusant ; nil idem dubiae placet,
artusque varie iactat incertus dolor:
nunc ut soluto labitur marcens
gradu
et vix labante sustinet
collo caput,
nunc se quieti reddit et, somni immemor,

370

noctem querelis ducit ; attolli iubet
iterumque poni corpus et solvi comas
rursusque fingi: semper impatiens sui
mutatur habitus.

 

 

Sénèque, Phèdre, v. 360-375

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Introduction :  prise en compte de l'identité générique

Qui parle ? Nutrix

De qui ? 3ème du singulier

Quand ? Nunc

Il s'agit du portrait d'une femme, Phèdre, réalisée par sa nourrice.

 

1. Champ lexical du corps du personnage tragique

Vultu

Oculis

Genae lassae

Artus varie jactat

Gradu soluto

Collo labante

Vix sustinet caput

Attolit jubet iterumque poni corpus

et soli comas rursusque fingi

Cette fatigue vient d'une agitation perpétuelle : mutatur ; dubiae ; impatiens.

 

2. De l'agitation de l'âme.

Quelle  est la cause de cette agitation ? Tantum malum ; furor ; dolor

Quel remède ? Nulla spes ; nil => déclinaison du pronom et de l’adjectif

 

Pas de traduction intégrale

 

Séance 9 : les sentiments de la tragédie

 

Objectif lexical : mettre en relation le vocabulaire du corps  avec celui des sentiments tragiques

 

 

amor, oris, m. : l’amour

 

amo, as, are : aimer

diligo, is, ere, legi, lectum : aimer →………………………

 

………………………………..
placeo, es, ere, cui, citum : 1.plaire, être agréable (placitus, a, um : qui plaît, agréable) 2. paraître bon, agréer

→……………………………

………………………………
spero, as, are : espérer

beo, as, are, tr. : rendre heureux, réjouir

→……………………………..

 

………………………………..

 

………………………………..


felicitas, tatis f : le bonheur

→……………………………..

 

………………………………..

admiratio, onis, f. : admiration

spes, ei, f. : espoir
gaudium, ii, n. la satisfaction, la joie
uoluptas, atis, f. : volupté
→………………………………

 

…………………………………
 
felix, icis, heureux
beatus, a, um : heureux

→………………………………

 

…………………………………
laetus, a, um : 1. joyeux 2. agréable 3. favorable 4. plaisant

__________________________

 

odium, i, n. : la haine

→………………………………

 

…………………………………

 

ira, ae, f. : colère

iratus, a, um : en colère, irrité

 

_________________________

maeror, oris, m. :

 le désespoir, la tristesse, l'affliction

 

miser, a, um : malheureux
miserabilis, e : pitoyable

…………………………….…..,

pathétique

…………………………………
tristis, e : 1. triste, affligé 2. sombre, sévère, morose

anxius, a, um :1.anxieux, inquiet, tourmenté


despero, as, are : désespérer

lacrimo, as, are : pleurer

→………………………………

 

…………………………………


dolor, oris, m. : la douleur
lacrima, ae, f. : larme

 

 

 

 

Séance 10 : Une manifestation du furor : Médée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Telle qu'une Ménade déjà en proie au dieu et délirante porte ses pas, dans sa fureur sacrée, sur le sommet du Pinde neigeux ou des monts de Nysa,

elle court, ça et là, à une allure folle, portant sur son visage tous les symptômes de l'épuisement :

 

flammata facies, spiritum ex alto citat,

proclamat, oculos uberi fletu rigat,

renidet : omnis specimen affectus capit

390  Haeret : minatur, aestuat, queritur, gemit.

Quo pondus animi verget ? Ubi ponet minas ?

Ubi se iste fluctus franget ? Exundat furor.

Non facile secum versat aut medium scelus ;

se vincet : irae novimus veteris notas.

395 Magnum aliquid instat, efferum,immane,impium.

 

 

 

 

Point de départ : la mise en scène : Comment mettre en scène la fureur ? En tant que metteur en scène, en tant que dramaturge.

 

  1. L'égarement de Médée : approche stylistique

 

  1. Rechercher et traduire les verbes

390 : Haeret : minatur, aestuat, quaeritur, gemit.

Montre la gesticulation, l'absence de repos.

Les temps verbaux : présent et futur ≠ Phèdre uniquement à sa douleur présente.

  1. types de phrases : déclaratives, exclamatives, interrogatives.

Quelles différences avec Phèdre ?

La multiplication des verbes sans complément, puis des interrogations, donnent un rythme qui recrée l'inconstance de la "furieuse"

 

  1. La double métaphore filée de feu et de l'eau.

 

Médée ne se consume pas comme Phèdre, elle est portée par un feu intérieur qui la rend plus forte, elle rayonne.

L'eau a la même fonction : un flot impétueux.

Quel intérêt y a-t-il à mettre deux métaphores mêlées l'une à l'autre? Ce mélange impossible dans la nature est le signe du caractère hors du commun de cet être qui dépasse les limites de l'humain, qui est en train de devenir un monstre : magnum aliquid instat, effarum, immane, impium.

 

=>> Traduction intégrale

 


 

Séance 11   : Le nefas de Phèdre : première partie (Approche iconographique à partir du site http://www.insecula.com )

 

Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson
Hippolyte s'éloigne de Phèdre
Illustration pour la tragédie de Racine, Édition Didot, 1801

 

Pierre-Narcisse Guérin

Phèdre et Hippolyte
vers 1802

Antoine Charles Horace Vernet, dit Carle Vernet (Bordeaux, 1758 - Paris, 1836 )
La mort d'Hippolyte

Jean-Baptiste 1er Lemoyne (Paris, 1679 - 1731)
La mort d'Hippolyte


 

Seconde partie : le texte de Sénèque

 

      Hippolytus :

645     Amore nempe Thesei casto furis?

      Phaedra :
         
Hippolyte, sic est: Thesei vultus amo
         illos priores, quos tulit quondam puer,
         cum prima puras barba signaret genas
         monstrique caecam Gnosii vidit domum

 650    et longa curva fila collegit via.
         
Quis tum ille fulgebat!

 

 


                                    Presserant vittae comam
          et ora flavus tenera tinguebat pudor;
          inerant lacertis mollibus fortes tori,
          tuaeque Phoebes vultus aut Phoebi mei,

 655   tuusve potius - talis, en talis fuit
         cum placuit hosti, sic tulit celsum caput.

          In te magis refulget incomptus decor :
          est genitor in te totus et torvae tamen
          pars aliqua matris miscet ex aequo decus:

 660    In ore Graio Scythicus apparet rigor.
 
         
Si cum patre intrasses Creticum fretum,
          tibi filum potius nostra dedisset soror.

                (adressant ces paroles à sa sœur)

          Te, te, soror, quacumque siderei poli
          in parte fulges, invoco ad causam parem:

 665    domus sorores una corripuit duas,
          te genitor, at me gnatus.

               (se tournant vers Hippolyte)
                                         
En supplex iacet
         adlapsa genibus regiae proles domus.

         Respersa nulla labe et intacta, innocens
         tibi mutor uni. Certa descendi ad preces :

 670   hic dies faciet finem dolori aut vitae.
         Miserere amantis.

 

H. : C’est, bien sûr, pour le vertueux Thésée que tu brûles d’amour …

                                                             
P. : Oui, Hippolyte, je brûle pour lui  : j’aime

 

 

 

 

 

 Quelle grâce dans ces cheveux serrés d'une simple bandelette! un vif incarnat colorait son aimable visage; son jeune bras annonçait déjà la vigueur d'un héros. Il était semblable à Diane, ta divinité, à Phébus, mon aïeul, ou plutôt à toi-même. Oui, tel il parut, lorsqu'il sut plaire même à son ennemi. Il avait ton noble maintien.

 

Mais ce costume plus simple relève encore ta beauté. À tout ce qui charmait dans ton père, tu joins les grâces un peu sauvages de ta mère; c'est la beauté du jeune Grec relevée par la fierté un peu farouche d'une Amazone

 

 

 

 Ô, toi, ma sœur, en quelque partie du ciel que tu brilles, je t’invoque pour une même cause :

 

 

Tu vois, tu vois à tes pieds la fille d'un roi puissant.

Jusqu’à maintenant innocente et pure, c’est pour toi seul que j’ai manqué à mes devoirs.

 Aie pitié de celle qui t’aime !

 

 

Introduction : Premier entretien entre Phèdre et Hippolyte. Phèdre lui avoue qu’elle est dévorée par un feu dont nous avons étudié les manifestations dans le 1er texte sur le dolor. Soumise à ce dolor qui succède parfois à un furor tout aussi incontrôlable et dévastateur, Phèdre sombre dans un désespoir qui la conduit, comme toutes héroïnes tragiques de Sénèque, au nefas, ce qui n’est pas permis par les dieux.

 

1.      L’amour de Phèdre pour Thésée

a.      Les exploits de Thésée

S’appuyer sur les connaissances des élèves pour identifier : monstri Gnosii , caecam domum, longa fila ; amener les élèves à comprendre que ces exploits ont été accomplis par Thésée dans sa jeunesse puer ; relever et identifier les verbes au passé.

Traduire des vers 646 à 650.

=>> Phèdre fait à Hippolyte -qu’envahit un doute sur l’amour que Phèdre porte à Thésée- le portrait de celui qu’elle aime : Thésée dans la fleur de l’âge.

b.      Le portait du jeune Thésée

Faire lire la traduction des vers 651 à 656. Analyser de l’art de l’éloge (funèbre) et de la comparaison sic, talis.

Souligner ensuite les éléments étranges du portrait : la comparaison avec Diane, alors que d’autres dieux masculins auraient été attendus et surtout la comparaison finale établie entre Thésée et Hippolyte.

=>> Phèdre opère un glissement dans son portrait : elle passe du père au fils.

 

2.      Du père au fils

a.      Du passé au présent

Comparaison des situations d’énonciation entre le début et la 3ème strophe : les temps fulgebat  refulget ; les pronoms personnels ille  te ; vidit  intrasses

=>> Pour parfaire sa comparaison, Phèdre se doit de faire le portrait du fils après celui du père.

b.      Le portrait d’Hippolyte : travail sur une traduction

Demander aux élèves de réaliser un mot à mot des vers 657 à 660 pour étudier les choix du traducteur et les éléments qui pourraient être ajoutés pour l’améliorer.

S’interroger sur le portrait le plus avantageux.

=>> Phèdre a brossé le portrait de son mari pour mieux faire l’éloge de son beau-fils.

Phèdre, après avoir comparé les deux hommes, défie les lois du temps en imaginant une rencontre entre Hippolyte et sa sœur Ariane (Découverte de l’irréel du passé).

Si cum patre intrasses creticum fretum,

Tibi filum potius nostra dedisset soror

Le nefas n’est pas encore perpétré mais Phèdre a déjà transgressé les limites de la décence, de ce que lui permettait son rôle de belle-mère. Sa sœur aurait aimé le fils si elle l’avait rencontré ; Phèdre, qui connaît les deux hommes, ne peut réagir autrement. Il ne reste qu’un ultime pas à faire : l’aveu.

 

3.      L’aveu de Phèdre à Hippolyte

a.      L’invocation à Ariane

L’aveu est tout d’abord indirect.

b.      La prière à Hippolyte

A traduire par les élèves