Rencontre intercycles en langues anciennes du vendredi 27 janvier 2006 à Compiègne.
la présentation de Christine Batut- Hourquebie,
professeur de lettres classiques au collège de Saint-Leu d'Esserent (60)
Présentation de la séquence : Néron et le théâtre
Cette séquence est née d'un cuisant échec pédagogique, lorsque, pour la 1ère fois, j'ai travaillé avec le nouveau manuel commandé pour mes classes de troisième. Se sont succédées les séances sur Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, Titus, Trajan et Hadrien. La fin du premier trimestre fut longue à venir… Les manuels de collège ne problématisent que rarement leurs séances. C'est donc à nous enseignants de remanier ces séances en séquence pour donner un sens à l'enseignement des langues anciennes. Il faut espérer qu'en travaillant ainsi en cohérence avec l'enseignement dispensé au lycée nous convaincrons plus d'élèves de ne pas abandonner les langues anciennes à la fin de la classe de troisième.
Pour cette partie du programme, j'ai préféré à une approche exclusivement chronologique de l'Empire, une réflexion plus approfondie sur le premier et le dernier des Julio-Claudiens en m'intéressant tout particulièrement, pour le cas de Néron, à sa relation avec les arts et notamment avec le théâtre. Pourquoi le théâtre ? Tout d’abord parce que Néron avait une passion pour le théâtre et qu’il a ainsi favorisé le développement du goût des Romains pour les arts dramatiques. Par ailleurs la tragédie est au programme de français en troisième et j’essaie le plus souvent possible de faire coïncider les prolongements culturels de mes cours de latin avec le programme de français ou d’histoire. Pour finir je regrette que la tragédie ne soit pas au programme de l’enseignement du latin au collège. Présenter quelques textes de tragédie latine permet de sensibiliser les élèves au théâtre antique et d’établir un lien avec le programme de seconde car au cours de l’une des entrées « De quoi rit-on à Rome ? », les professeurs peuvent être amenés à présenter des extraits de comédies latines.
Bibliographie : cette séquence a été élaborée suite à la lecture de deux ouvrages universitaires : une biographie de Néron par un Roumain, Eugen Cizek, et une étude de Florence Dupond, Les Monstres de Sénèque.
· 1ère partie de la séquence : Néron, dernier empereur Julio-Claudien
1ère séance : Le rôle d’Agrippine dans l’accès de Néron au pouvoir
Pour comprendre pourquoi Néron organise ce matricide, il me semble bon de présenter le rôle d’Agrippine dans l’accès de Néron au pouvoir pour cela, je présente dans un premier temps l’arbre généalogique des Julio-Claudien que vous pouvez télécharger à partir du lien suivant : http://www.empereurs-romains.net/emp06gen.htm Les élèves se rendent compte d’une part de l’aspect non conventionnel de cette généalogie et ils visualisent clairement les liens qui unissent Agrippine aux autres membres de la famille, notamment aux empereurs Caligula et Claude.
Je passe ensuite à la lecture d’un extrait du Britannicus de Racine, où Agrippine, qui sent son fils lui échapper, lui rappelle ce qu’il lui doit dans son accès au trône. Au-delà des connaissances historiques, ce texte permet dès la première séance d’aborder le théâtre qui sera le fil conducteur de cette séquence.
BRITANNICUS de Jean Racine Acte IV, Scène II
Claude même, lassé de ma plainte éternelle, Eloigna de son fils tous ceux de qui le zèle, |
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Séance 2 : La mort d’Agrippine, Acte I
Civilisation : l’Empire et le goût du pouvoir personnel
Objectif linguistique : découvrir le gérondif
Supports : Alcibiade Didascaux chez les Romains de Clanet et Clapat et Tacite, Annales, XV
Plusieurs manuels présentent la mort de Britannicus qui est un moment fort dans le règne de Néron. Mais la mort d’Agrippine est particulièrement intéressante parce qu’elle représente un tournant dans la politique de Néron qui s’émancipe non seulement de sa mère de la façon la plus radicale qui soit, mais aussi de son précepteur Sénèque et donc de la philosophie de clémence vers laquelle le stoïcien a toujours souhaité le conduire. Il n’est bien évidemment pas question de faire de la philosophie avec nos élèves de troisième mais on peut parler de cette clementia pour la comparer par exemple aux vertus d’Auguste.
Pour rester dans l’esprit du théâtre, j’ai intitulé cette première partie : la mort d’Agrippine, tragédie en deux actes. La question qui se pose est : comment aborder ce texte long et difficile de Tacite ? La bande dessinée parodique (extraite du manuel Hatier 3ème) a le mérite non de la finesse ou du bon goût mais de la clarté et évite les contresens les plus lourds dans la traduction ; les élèves accèdent à la compréhension de la trame narrative du texte auquel ils vont être confrontés. Dernier avantage, la parodie permet d’établir les circonstances de la tentative d’assassinat et de deviner le sens de quelques mots dans le premier paragraphe. Suite à la lecture de cette page, différents élèves se distribuent les rôles et peuvent réaliser une petite saynète. On passera ensuite au texte.
Néron, devenu empereur à l’âge de 17 ans, veut gouverner seul. Il inaugure son règne en éliminant tous ceux qui pourraient l’en empêcher. Dès 55, il fait assassiner Britannicus, le fils de Claude ; puis en 59, c’est le tour de sa propre mère, Agrippine..
Pour présenter les textes suivants, je me suis inspirée des propositions faites par le Guide pédagogique. La première grande partie du Guide s’intitule « Lire, Comprendre, Traduire », la deuxième sous partie « Pour accompagner la compréhension » ; là se trouvent de nombreuses pistes de présentation des textes.
Le texte est appareillé en groupes fonctionnels marqués par différentes polices de caractères. Aux élèves d’identifier les groupes de mots, de justifier les regroupements en s’appuyant sur les désinences, à eux aussi de traduire les quelques passages manquants. Ce travail préparatoire permet de gagner du temps dans le repérage de la structure syntaxique de la phrase tout en contraignant les élèves à s’interroger sur les cas et l’ordre dans lequel traduire les mots.
Noctem sideribus inlustrem et placido mari quietam quasi ad convincendum scelus dei praebuerunt. Nec multum erat progressa navis cum, dato signo, ruerunt tectum loci, multo plumbo grave. Nec dissolutio navigii sequebatur, turbatis omnibus et quod plerique ignari etiam conscios impediebant. Agrippina -unum tamen vulnus humero excepit - nando, deinde occursu lenunculorum Lucrinum in lacum vecta, villae suae infertur.
At Neroni, nuntios patrati facinoris opperienti, adfertur evasisse ictu levi sauciam. Tum, pavore exanimis et jam jamque adfore obtestans vindictae properam, sive servitia armaret vel militem accenderet, sive ad senatum et populum pervaderet, naufragium et vulnus et interrectos amicos objiciendo.
Tacite, Annales, Livre XIV, 5,7 |
……………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………..………………………………………………… comme pour mettre le crime en évidence. Le navire n'avait pas beaucoup progressé quand, …………………………………………..………, voilà que s'écroule le plafond de la pièce, ………………………………...………………… Et le vaisseau tardait à se disloquer parce que, dans le désordre général, ceux qui n'étaient pas du complot embarrassaient les autres. Agrippine - ……………………………………. ………………………………………………...... ………………………………… - en nageant, puis en rencontrant des barques de pêcheurs, gagne le lac Lucrin, d'où elle se fait porter à sa villa.
……..……………………………………………………………………………………………….…… ………….…………………………………………………….………………………………………… …………………………………………………..…… Alors, à demi-mort de peur, il s'écrie qu'elle va bientôt arriver, prompte à la vengeance, soit qu'elle armât ses esclaves ou soulevât les soldats , soit qu'elle se tournât vers le sénat et le peuple, en dénonçant le naufrage, sa blessure et le meurtre de ses amis. |
Séance 3 : La mort d’Agrippine Acte II
Objectif :Traduire la suite du texte de Tacite en réinvestissant les connaissances acquises sur le gérondif
Dans le même esprit, travail sur un texte sans annotation que les élèves devront à leur tour « appareiller » : ils doivent le recopier en adoptant différentes couleurs pour les différents groupes fonctionnels et répondre aux questions suivantes :
1. Où cette scène se déroule-t-elle ?
2. Recherchez les noms des protagonistes.
3. Puisqu’il s’agit d’une scène de meurtre, établissez un champ lexical de l’agression.
4. Quelles réflexions vous inspire les derniers mots prononcés par Agrippine.
Cubiculo modicum lumen inerat et ancillarum una, magis ac magis anxia Agrippina, [… ] abeunte dehinc ancilla, « tu quoque me deseris ? » prolocuta respicit Anicetum ; ac si ad uisendum uenisset, refotam nuntiaret, sin facinus patraturus, nihil se de filio credere ; non imperatum parricidium. Circumsistunt lectum percussores et prior trierarchus fusti caput eius adflixit. Jam {in} mortem centurioni ferrum destringenti protendens uterum "Ventrem feri" exclamauit multisque uulneribus confecta est.
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Elle lui dit que, s'il était envoyé , il pouvait annoncer qu'elle était remise ; que, s'il venait pour un crime, elle en croyait son fils innocent ; que le prince n'avait point commandé un parricide.
Tacite, Annales, livre XIV, 7, 8 |
Séance 4 non présentée : exercices systématiques sur l’emploi du gérondif
Séance 5 : Le théâtre, une passion pour l’empereur-histrion (1ère partie)
Objectif linguistique et lexical : les verbes déponents
Présentation retenue : « textes bilingues avec présentation juxtalinéaire ou para linéaire » pour la découverte du point de grammaire.
Néron s'exhibe au théâtre…
Interea senatus, lustrali certamine propinquo jam, ut dedecus averteret, offert imperatori victoriam cantus adjecitque facundiae coronam qua ludicra deformatas velaretur. Sed Nero dictitans nihil opus esse ambitu nec potestate senatus, se aequum adversus aemulos et assecuturum meritam laudem religione judicium, primo recitat carmen in scaena ; mox, flagitante vulgo ut publicaret omnia studia sua, ingreditur theatrum, |
Cependant le Sénat, le concours lustral (étant) déjà proche, pour qu’il détourne le déshonneur, offre à l’empereur la victoire du chant et ajoute la couronne de l’éloquence pour que la honte du jeu public soit voilée. Mais Néron répétant qu’il n’avait en rien besoin de la brigue ni de la puissance du Sénat, qu’il serait égal à ses rivaux et qu’il obtiendrait une gloire méritée grâce à la conscience des juges, déclame tout d’abord un poème sur la scène ; bientôt, la foule réclamant qu’il montre toutes ses connaissances, il entre au théâtre, |
optemperans cunctis legibus citharae, ne resideret fessus ne detergeret sudorem, nisi ea veste indutui, ut nulla excrementa oris aut narium viserentur. Postremo flexus genu et veneratus coetum illum manu, opperiebatur sententias judicium ficto pavore. Et plebs Urbis, quoque solita juvare histrionum gestes, personanbat plausu composito. Crederes laetari ; ac forte laetabatur. |
obéissant à tous les règlements de la cithare, ne pas s’asseoir fatigué, ne pas essuyer la sueur, si ce n’est avec le vêtement qu’il portait, afin qu’aucun excrément de la bouche ou du nez ne soit vu. Enfin fléchissant le genou et témoignant du respect à cette assemblée d’un geste de la main, il attendait la sentence des juges avec une peur feinte. Et la plèbe de la Ville, aussi habituée à encourager les mimiques des histrions, criait fort avec des applaudissements en mesure. On aurait cru qu’elle se réjouissait ; et peut-être se réjouissait-elle. |
2ème partie :
Après la distribution des verbes déponents au programme de troisième et la réalisation de petits exercices de conjugaison, de version et de thème d’imitation, la suite du texte laisse en « blanc » les passages comportant des verbes passifs ou déponents. Afin de ne pas limiter l’approche de ce texte à une simple lecture française du texte et un remplissage des « trous », j’ai fait apparaître le noyau des phrases en mettant entre crochets les subordonnées, les verbes en gras, leur sujet sont soulignés et leurs compléments essentiels sont en italiques. Phrase après phrase, les élèves doivent faire la même présentation sur la traduction française afin de repérer les tournures spécifiques de la langue latine (propositions infinitives, ablatifs absolus) et les choix opérés par le traducteur.
Le commentaire pourra naître d’une réflexion sur l’immoralité des pratiques de l’Empereur, puisque les valeurs de la République romaine ont été étudiées en classe de quatrième et que les vertus augustiniennes l’ont sans doute été dans une séquence sur les débuts de l’Empire. On mettra en avant le mépris affiché par Néron pour le mos majorum et sans attrait pour la Grèce et l’Orient.
Verbes déponents |
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aggredior, eris, i, agressus sum : aller vers, s'approcher,
arbitror,
aris, ari, atus sum : penser, juger |
irascor,
eris, i, iratus sum : se mettre en colère |
proficiscor,
eris, i, fectus sum : partir |
... au grand dam des hommes de bien.
Présentation : « texte faisant apparaître le noyau des phrases » pour l’application.
5. Sed [qui remotis e municipiis severaque adhuc et antiqui moris retinente Italia, quique per longinquas provincias lascivia inexperti officio legationum aut privata utilitate advenerant], neque aspectum illum tolerare neque labori inhonesto sufficere {poterant}, [cum manibus nesciis fatiscerent, turbarent gnaros ac saepe a militibus verberarentur ], [qui per cuneos stabant ] [ne quod temporis momentum impari clamore aut silentio segni praeteriret]. Constitit plerosque equitum, [dum per angustias aditus et ingruentem multitudinem enituntur], obtritos, et alios, [dum diem noctemque sedilibus continunnt], morbo exitiabili correptos. Quippe gravior inerat metus, [si spectaculo defuissent], multis palam et pluribus occultis, [ut nomina ac vultus, alacritatem tristitiamque coeuntium scrutarentur ].
Tacite, Annales XVI,4-5 |
5. Mais ceux qui étaient venus de municipes éloignés et de l'Italie restée austère et attachée aux mœurs ancestrales, et ceux qui, vivant dans des provinces lointaines sans connaître la débauche, étaient venus en mission officielle ou dans leur intérêt privé, ne pouvaient soutenir ce spectacle ni suffire à cette tâche honteuse, laissant leurs mains ignorantes tomber de lassitude ; ils troublaient ceux qui savaient et …………………………..…………. ……………….………., qui se tenaient debout entre les gradins veillant à ce qu'aucun moment ne s'écoulât dans de faibles acclamations ou dans un silence apathique.
II est avéré que beaucoup de chevaliers, alors que .....................................de trouver une issue à travers l'étroitesse des accès et la ruée de la foule, …………………………………., et que d'autres, à force de rester jour et nuit sur leurs sièges, ..……………………………………………..…….. d'une maladie mortelle. Mais on courait un plus grave danger en n'assistant pas au spectacle, car il y avait des observateurs, nombreux en public, plus encore en secret,……………………………………. .................................................................................................... |
Séance 6 : Exercices systématiques sur les verbes déponents
Séance 7 : Evaluation sur les textes de Tacite
En guise d'évaluation, je sélectionne des passages que les élèves ont traduits et j'en vérifie l'acquisition par une retraduction, des questions grammaticales et un commentaire. Cela permet d'une part de raviver le vocabulaire, de vérifier la reconnaissance des groupes fonctionnels et d'évaluer l'apport culturel du texte.
· 2ème partie de la séquence : étude d’extraits des tragédies de Sénèque
Pour les tragédies de Sénèque, j'ai retenu quatre extraits de deux tragédies Phèdre et Médée. Ma progression suit la transformation, mise en lumière par Florence Dupont, des héros de Sénèque : dolor, furor, nefas. Les textes ne méritent pas d'appareillage car ils n'ont pas la complexité des textes de Tacite. Ils peuvent être aborder suivant différentes méthodes : approche lexicale, générique, stylistique. Par contre, ils se prêtent à une réflexion sur la traduction. En classe de troisième, les élèves n'ont pas le recul suffisant pour analyser une traduction seule. Ils peuvent par contre comparer des traductions très typées : les tragédies de Sénèque ont été traduites par F. Dupont pour être mises en scène (aux éditions de l'imprimerie nationale), elles obéissent donc à des choix très différents de ceux d'un traducteur du XIXème siècle. Par ailleurs la traduction personnelle est ainsi simplifiée par cette étude préalable.
Séance 8 : Une manifestation du dolor dans le théâtre de Sénèque : Phèdre
Objectif culturel : mettre en relation création littéraire et régime politique
Rebrasser les connaissances des élèves sur le théâtre et leur présenter les spécificités du théâtre de Sénèque
Etablir un lien avec le programme de français de 3ème
Objectif lexical : revoir et enrichir le vocabulaire du corps
Objectif linguistique : le pronom indéfini nihil et l’adjectif nullus ,a , um
Nutrix 360
Spes
nulla
tantum
posse leniri
malum,
365
lucem recusant ; nil idem
dubiae
placet, 370
noctem querelis ducit ; attolli iubet
Sénèque, Phèdre, v. 360-375 |
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Introduction : prise en compte de l'identité générique
Qui parle ? Nutrix
De qui ? 3ème du singulier
Quand ? Nunc
Il s'agit du portrait d'une femme, Phèdre, réalisée par sa nourrice.
1. Champ lexical du corps du personnage tragique
Vultu
Oculis
Genae lassae
Artus varie jactat
Gradu soluto
Collo labante
Vix sustinet caput
Attolit jubet iterumque poni corpus
et soli comas rursusque fingi
Cette fatigue vient d'une agitation perpétuelle : mutatur ; dubiae ; impatiens.
2. De l'agitation de l'âme.
Quelle est la cause de cette agitation ? Tantum malum ; furor ; dolor
Quel remède ? Nulla spes ; nil => déclinaison du pronom et de l’adjectif
Pas de traduction intégrale
Séance 9 : les sentiments de la tragédie
Objectif lexical : mettre en relation le vocabulaire du corps avec celui des sentiments tragiques
amor, oris, m. : l’amour
amo, as, are : aimer diligo, is, ere, legi, lectum : aimer →………………………
……………………………….. →……………………………
……………………………… beo, as, are, tr. : rendre heureux, réjouir →……………………………..
………………………………..
………………………………..
→……………………………..
……………………………….. admiratio, onis, f. : admiration |
spes,
ei, f. : espoir
………………………………… →………………………………
………………………………… __________________________
odium, i, n. : la haine →………………………………
…………………………………
ira, ae, f. : colère iratus, a, um : en colère, irrité
_________________________ |
maeror, oris, m. :
le
désespoir, la tristesse, l'affliction
miser,
a, um : malheureux …………………………….….., pathétique
………………………………… anxius, a, um :1.anxieux, inquiet, tourmenté
lacrimo, as, are : pleurer →………………………………
…………………………………
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Séance 10 : Une manifestation du furor : Médée
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Telle qu'une Ménade déjà en proie au dieu et délirante porte ses pas, dans sa fureur sacrée, sur le sommet du Pinde neigeux ou des monts de Nysa, elle court, ça et là, à une allure folle, portant sur son visage tous les symptômes de l'épuisement :
flammata facies, spiritum ex alto citat, proclamat, oculos uberi fletu rigat, renidet : omnis specimen affectus capit 390 Haeret : minatur, aestuat, queritur, gemit. Quo pondus animi verget ? Ubi ponet minas ? Ubi se iste fluctus franget ? Exundat furor. Non facile secum versat aut medium scelus ; se vincet : irae novimus veteris notas. 395 Magnum aliquid instat, efferum,immane,impium.
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Point de départ : la mise en scène : Comment mettre en scène la fureur ? En tant que metteur en scène, en tant que dramaturge.
390 : Haeret : minatur, aestuat, quaeritur, gemit.
Montre la gesticulation, l'absence de repos.
Les temps verbaux : présent et futur ≠ Phèdre uniquement à sa douleur présente.
Quelles différences avec Phèdre ?
La multiplication des verbes sans complément, puis des interrogations, donnent un rythme qui recrée l'inconstance de la "furieuse"
Médée ne se consume pas comme Phèdre, elle est portée par un feu intérieur qui la rend plus forte, elle rayonne.
L'eau a la même fonction : un flot impétueux.
Quel intérêt y a-t-il à mettre deux métaphores mêlées l'une à l'autre? Ce mélange impossible dans la nature est le signe du caractère hors du commun de cet être qui dépasse les limites de l'humain, qui est en train de devenir un monstre : magnum aliquid instat, effarum, immane, impium.
=>> Traduction intégrale
Séance 11 : Le nefas de Phèdre : première partie (Approche iconographique à partir du site http://www.insecula.com )
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Anne-Louis Girodet de
Roussy-Trioson
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Phèdre et Hippolyte |
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Antoine Charles Horace Vernet, dit
Carle Vernet (Bordeaux, 1758 - Paris, 1836 ) |
Jean-Baptiste 1er Lemoyne (Paris,
1679 - 1731) |
Seconde partie : le texte de Sénèque
Hippolytus :
645
Amore nempe Thesei casto furis?
650
et longa
curva fila collegit via.
655
tuusve potius - talis, en talis fuit
660
In ore Graio Scythicus apparet rigor.
Te, te, soror,
quacumque siderei poli
665
domus sorores una corripuit duas,
670
hic dies faciet finem dolori aut vitae. |
H. : C’est, bien sûr, pour le vertueux Thésée que tu brûles d’amour …
Quelle grâce dans ces cheveux serrés d'une simple bandelette! un vif incarnat colorait son aimable visage; son jeune bras annonçait déjà la vigueur d'un héros. Il était semblable à Diane, ta divinité, à Phébus, mon aïeul, ou plutôt à toi-même. Oui, tel il parut, lorsqu'il sut plaire même à son ennemi. Il avait ton noble maintien.
Mais ce costume plus simple relève encore ta beauté. À tout ce qui charmait dans ton père, tu joins les grâces un peu sauvages de ta mère; c'est la beauté du jeune Grec relevée par la fierté un peu farouche d'une Amazone
Ô,
toi, ma sœur, en quelque partie du ciel que tu brilles, je t’invoque
pour une même cause :
Tu vois, tu vois à tes pieds la fille d'un roi puissant. Jusqu’à maintenant innocente et pure, c’est pour toi seul que j’ai manqué à mes devoirs. Aie pitié de celle qui t’aime ! |
Introduction : Premier entretien entre Phèdre et Hippolyte. Phèdre lui avoue qu’elle est dévorée par un feu dont nous avons étudié les manifestations dans le 1er texte sur le dolor. Soumise à ce dolor qui succède parfois à un furor tout aussi incontrôlable et dévastateur, Phèdre sombre dans un désespoir qui la conduit, comme toutes héroïnes tragiques de Sénèque, au nefas, ce qui n’est pas permis par les dieux.
1. L’amour de Phèdre pour Thésée
a. Les exploits de Thésée
S’appuyer sur les connaissances des élèves pour identifier : monstri Gnosii , caecam domum, longa fila ; amener les élèves à comprendre que ces exploits ont été accomplis par Thésée dans sa jeunesse puer ; relever et identifier les verbes au passé.
Traduire des vers 646 à 650.
=>> Phèdre fait à Hippolyte -qu’envahit un doute sur l’amour que Phèdre porte à Thésée- le portrait de celui qu’elle aime : Thésée dans la fleur de l’âge.
b. Le portait du jeune Thésée
Faire lire la traduction des vers 651 à 656. Analyser de l’art de l’éloge (funèbre) et de la comparaison sic, talis.
Souligner ensuite les éléments étranges du portrait : la comparaison avec Diane, alors que d’autres dieux masculins auraient été attendus et surtout la comparaison finale établie entre Thésée et Hippolyte.
=>> Phèdre opère un glissement dans son portrait : elle passe du père au fils.
2. Du père au fils
a. Du passé au présent
Comparaison des situations d’énonciation entre le début et la 3ème strophe : les temps fulgebat ≠ refulget ; les pronoms personnels ille ≠ te ; vidit ≠ intrasses
=>> Pour parfaire sa comparaison, Phèdre se doit de faire le portrait du fils après celui du père.
b. Le portrait d’Hippolyte : travail sur une traduction
Demander aux élèves de réaliser un mot à mot des vers 657 à 660 pour étudier les choix du traducteur et les éléments qui pourraient être ajoutés pour l’améliorer.
S’interroger sur le portrait le plus avantageux.
=>> Phèdre a brossé le portrait de son mari pour mieux faire l’éloge de son beau-fils.
Phèdre, après avoir comparé les deux hommes, défie les lois du temps en imaginant une rencontre entre Hippolyte et sa sœur Ariane (Découverte de l’irréel du passé).
Si cum patre intrasses creticum fretum,
Tibi filum potius nostra dedisset soror
Le nefas n’est pas encore perpétré mais Phèdre a déjà transgressé les limites de la décence, de ce que lui permettait son rôle de belle-mère. Sa sœur aurait aimé le fils si elle l’avait rencontré ; Phèdre, qui connaît les deux hommes, ne peut réagir autrement. Il ne reste qu’un ultime pas à faire : l’aveu.
3. L’aveu de Phèdre à Hippolyte
a. L’invocation à Ariane
L’aveu est tout d’abord indirect.
b. La prière à Hippolyte
A traduire par les élèves